Irreversible blindness secondary to posterior reversible encephalopathy syndrome following CHOP combination chemotherapy
British Journal of Haematology, Volume150, Issue2,2010.
Une observation atypique d’une complication peu fréquente et mal expliquée d’un traitement immunosuppresseur comme une chimiothérapie très classique, le CHOP.
Une patient de 60 ans traitée par CHOP pour un lymphome T périphérique se plaint d’une vision trouble bilatérale après 3 cycles de chimiothérapie. L’examen ophtalmo est normal. Le traitement est continué mais la vision s’altère. Après 5 cycles, elle est revue en ophtalmologie avec un examen du fond d’oeil normal mais une franche baisse d’acuité visuelle. Dix jours après le 8ème cycle, la patiente ne garde que la perception de la lumière et présente des épisodes légers de confusion fluctuante. Une IRM cérébrale est réalisée qui retrouve des lésions bilatérales principalement occipitales gauches de la substance blanche, hyperintense en T2, hypointense en T1 compatibles avec un PRES (posterior reversible encephalopathy syndrome) avancé. Aucune autre étiologie ne sera retrouvée en particulier sur le plan infectieux dans le LCR.
Pour le non neurologue que je suis, on apprend donc que le PRES est un trouble associé à l’hypertension maligne, certaines maladies rénales, l’éclampsie ou l’emploi de traitements immunosuppresseurs en particulier dans les hémopathies malignes. Les causes et mécanismes sont mal connus (anomalies de le contrôle autorégulé cérébrovasculaire ?).
La présentation clinique typique associe céphalée, confusion, crises convulsives et troubles visuels.
A l’imagerie, on retrouve des zones focales d’oedème hémisphérique symétrique, le plus souvent au niveau des lobes pariétaux et occipitaux. L’oedème régresse habituellement en quelques jours à quelques semaines après correction du facteur déclenchant et contrôle de la pression artérielle. Des lésions permanentes sont possibles.
La plupart des cas de PRES chez des patients recevant une chimiothérapie apparaît tôt, le plus souvent après la première cure. Ce cas est également atypique dans sa présentation clinique puisque le tableau clinique se limitait aux troubles visuels. Un an après, la vue de la patiente n’avait pas récupéré. Un autre cas de PRES « post-CHOP » a été décrit, également non réversible mais avec un faible recul car le patient décédait seulement 9 jours après le début des signes.
Il faut donc rester prudent devant des patients présentant des troubles de la vision et recevant du CHOP. La recherche de céphalées, confusion ou crises convulsives doit être minutieuses et l’imagerie cérébrale (IRM) doit être réalisée rapidement si les symptômes persistent…